Stratégies d’achat revente de terrains à bâtir avec une SCI : bonne ou mauvaise idée

by | Mar 11, 2024 | Fiscalité, Patrimoine | 0 comments

L’achat-revente de terrain à bâtir par une Société Civile Immobilière (SCI) est une opération qui combine à la fois des perspectives d’investissement attrayantes et des complexités sur le plan comptable, fiscal, et social. Ces opérations peuvent générer une plus-value significative, mais elles nécessitent une compréhension approfondie des règles en vigueur pour optimiser leur gestion et leur rentabilité.

1. Compréhension et cadre légal de l’opération

Une SCI, souvent utilisée pour la détention et la gestion de biens immobiliers, peut au cours de sa vie réaliser des opérations d’achat et de revente de terrains à bâtir. Cette activité est particulière et nécessite d’approfondir la fiscalité applicable.

2. Régime fiscal applicable

La plus-value réalisée lors de la revente du terrain est soumise à l’impôt. Le calcul de cette plus-value prend en compte le prix de vente du terrain, diminué du prix d’achat et le cas échéant des frais annexes. La fiscalité appliquée dépendra du régime fiscal de la SCI (IR ou IS), avec des spécificités pour chaque cas :

  • Sous l’IR : les plus-values sont imposées à un taux global de 36,2% (19% d’impôt plus 17,2% de prélèvements sociaux), après application d’abattements pour durée de détention en cas de détention à long terme.
  • Sous l’IS : la plus-value est intégrée au résultat fiscal de la société et imposée selon le barème de l’IS, sans abattement pour durée de détention.

3. La jurisprudence récente

La Cour d’Appel Administrative de Marseille vient de se prononcer dans son arrêt du 26 janvier 2024. Elle confirme qu’une SCI peut être considérée comme un professionnel de l’immobilier, sous certaines conditions.

Les conditions qui déterminent cette qualification concernent l’importance, le volume, ou le caractère habituel des opérations d’achat revente.

Une démarche active de commercialisation foncière sera également prise en compte.

Enfin, l’administration fiscale devra démontrer l’intention spéculative du projet.

4. Les impacts

La requalification de la SCI en professionnel de l’immobilier réalisant une activité commerciale va entraîner deux changements majeurs.

La SCI devra tout d’abord soumettre à la TVA les terrains revendus. Si le reversement de la TVA n’est pas anticipé ni réalisé par le vendeur, il s’expose à des pénalités de retard significatives.

Le vendeur verra également sa rentabilité se dégrader, avec un prix de vente définitif et acté. Une partie de la marge considérée comme acquise sera finalement de la TVA à reverser.

Le deuxième impact concerne la fiscalité de la SCI. Une activité commerciale entraîne un assujettissement à l’Impôt Société, et donc un changement de fiscalité aux nombreuses ramifications (imposition des plus-values latentes ou réalisation d’un bilan d’ouverture, imposition propre de la SCI et non des associés en direct, fiscalité des revenus de la SCI)

Conclusion

La fiscalité immobilière est complexe et présente des enjeux très souvent significatifs.

La Cour d’Appel rappelle aux investisseurs immobiliers qu’une structure adaptée au projet envisagé est essentielle. Une SCI à destination de gestion patrimoniale n’est donc pas adaptée au projet d’achat revente de terrains à bâtir, si ce dernier présente une véritable intention spéculative.

Chaque situation doit être analysée avec le plus grand soin. D’autres types de structures sont bien plus adaptés à la réalisation d’une activité économique dans le domaine de l’immobilier.